Chèfe de file de l'opposition locale
Hélas, je ne parle pas politique...
Vous vous souvenez quand je vous disais que Gabuzette était redevenue l'ange adorable qu'elle était avant le mois de décembre ? Que ça faisait déjà plus d'une semaine qu'on n'avait plus eu droit à des crises d'hystérie sauvage ? Que la vie était chouette et que c'était génial d'avoir une fille aussi merveilleuse que ma fille à moi ?
Eh bien tout ça n'était qu'une vile ruse de la part de l'ennemi, fomentée par son machiavélique cerveau de trois ans moins cinq semaines ... et pour moi, pauvre être naïf, plus dure est la chute !
J'ai l'impression que la trêve remonte à teeeellement loin. Pourtant ce que je décrivais là ne remonte qu'à dimanche dernier.
Dimanche, déjà, j'ai pressenti la fin du temps béni du rapprochement. Les finitions de Ticochon ont été écourtées, car il est passé plusieurs fois à côté d'un assassinat à coup de pinceau, et j'ai sans doute eu droit à deux ou trois "Méchante" isolés.
Les recherches des limites ont été relancées à maintes reprises depuis. Tu veux que je range, Maman ? eh bien je vais plutôt vider un placard. Tu veux que je m'habille toute seule ? Je vais plutôt me planquer à l'autre bout de ma chambre, etc. Heureusement j'étais reposée grâce à la merveilleuse semaine de paix à laquelle j'ai eu droit et ça m'a permis de tenir le coup.
Jusqu'à hier.
Ça commence mal déjà dès le lever à sept heures moins quelque chose (mais pourquoi réussi-t-elle à se lever si tôt uniquement quand elle ne va pas chez sa nourrice ???). Le petit déjeuner se passe mal. OK, on gère. Puis elle va dans son lit parce qu'elle est fatiguée (mais pourquoi tu t'es levée si tôt, alors, BDM ?!?!?!). Proposition de ma part de prendre un vrai grand bain dans la baignoire et non juste une douche. Super, je suis la Maman de ses rêves, mais la mauvaise humeur revient dès que Mademoiselle est hors de l'eau, le tout entrecoupé de super moments de complicité. Je vous passe l'épisode du départ pour la boulangerie qui prend 3/4 d'heures (c'est à dire entre l'annonce du départ et le départ lui-même). Mais le clou du spectacle a été la casse des lunettes.
Oui, pendant que je préparais le repas, Gabuzette a consciencieusement ôté ses lunettes, les a mises par terre avec toutes les précautions nécessaires, puis les a écrasées avec le pied, d'un côté, puis de l'autre. Elle est ensuite venue me voir en disant "Maman, j'ai cassé mes lunettes", avec un grand sourire.
Vu que je pense que décrire toutes les idées qui m'ont traversé l'esprit me conduirait directement en prison, je vais juste dire que j'ai été ... excédée. Je précise, pour l'ambiance, que depuis, à chaque fois que je regarde ma fille, j'ai le "zouig-zouig-zouig-zouig-zouig-zouig-zouig ..." au violon du film Psychose qui me vient à l'esprit.
Gabuzhom a entendu mes vociférations, et est venu m'appuyer. Gabuzette directos dans sa chambre, et nous avons déjeuné lui et moi sans elle. Elle a mangé ensuite, mais toute seule. (Oui : je nourri quand même ma fille, n'appelez pas la DDASS tout de suite.)
Le reste de la journée s'est déroulée sur la même ligne : grosses bêtises, puis gentille fille, puis grosses bêtises. Jusqu'à ce qu'elle finisse la journée en crachant sa soupe, ce qui l'a conduite au lit (OK, elle était vraiment dégueu, ma soupe, mais c'est pas une raison.)
Auprès des autres ? Grand-parents, nourrices, etc ? C'est un ange.
Gabuzette fait donc sa crise d'opposition dans toute sa splendeur.
Je sais bien que le solution n'est pas de crier, mais c'est plus facile à dire qu'à faire.
Je ne peux pas tout lui expliquer. Elle agit sous impulsion et non de façon logique. Elle est trop petite pour suivre un raisonnement au sujet de l'existence de soi, d'autrui, le respect et l'autonomie. Je sais bien qu'elle m'aime, et qu'elle traverse juste une phase où elle ne sait pas pourquoi les interdits existent et où elle veut s'affirmer, et donc avoir un avis et une attitude différente de celle qu'on attend d'elle. Ça n'est pas facile pour le pauauauvre ange non plus, OK.
Mais je ne peux pas non plus ne pas réagir : que faire quand sa fille détruit volontairement ses lunettes ? Quand elle nous jette des choses au visage parce qu'elle est contrariée ? Quand elle nous pousse à bout ?
C'est tellement dur de faire des efforts chaque jour, à chaque moment, pour finalement s'en prendre plein la tronche.
Je suis vraiment au bout là, maintenant, tout de suite. J'ai pris mon après-midi car le suis une boule de nerfs et qu'il faut clairement que j'arrive à passer à autre chose, mais je n'arrive pas à me détendre et à profiter de ces quelques heures de détente. Au lieu de ça je poste un message stérile sur mon blog. Mon Jojo (mon collègue vieux garçon qui est bien gentil) m'a dit ce matin "mais tu ne peux pas prendre des médicaments pour te calmer ?". J'en aurais chialé.
J'angoisse en pensant que dans 2h30 je devrai aller la rechercher chez sa nounou.
Si quelqu'un a une solution, je pends !!!