Kiss me, lady !

25 septembre 2012

J'avais commencé un long message sur l'horreur que je ressens de temps à autres en lisant des histoires à ma fille, et en particulier quand la princesse ne refuse pas son baiser au vil crapaud qui le lui réclame, et ce tout simplement parce qu'elle est une femme, et que de ce fait ouvrir sa gueule ne se fait pas, même devant un batracien. On bourre le mou à nos enfant dès leur plus jeune âge avec des stéréotypes sur le rôle de la femme qui se doit d'être belle, naïve et servile, et de l'homme qui doit être fort, riche et astucieux. Un jour, je lirai la psychanalyse des contes de fées, de Bruno Bettelheim. Il me reste plein d'énervement à calmer aussi niveau cannibalisme, inceste, écrasement du plus faible, raillerie du laid, dévotion au parent, etc.

Et puis finalement, je me suis dit que j'allais tout simplement vous montrer la dernière création des ateliers Gabuzo.

Sache, mon fan, que Gabuzette est entrée de plein pied dans une période déguisements.
Et aussi que j'aimerais bien que ça ne lui passe pas trop vite.
La toute première robe de princesse que je lui ai faite à la va-vite l'an passé a toujours la cote, mais bon, elle devient un chouïlla trop petite. Ont suivi des déguisement de docteur-véto-infirmier, tombés par la cheminée un soir de décembre, et qu'elle ne met jamais mais qui, un jour peut-être, seront appréciés, des tutus, une robe de princesse, et bientôt (si les aiguilles de Mamie-Lélette suivent le rythme de l'imagination de leur propriétaire) un déguisement de sorcière violet et noir qui fait peur (enfin autre chose que du rose !). Niveau accessoires, elle est venue à bout de trois baguettes magiques et de deux couronnes. Les chaussures de verre vair plastique résistent.
Un coffre est donc devenu nécessaire pour dompter cet amas grandissant de tenues brillantes (et qui tournent).

Il s'agit de mon premier essai de cartonnage, sous la forme d'un coffre à jouets. Destiné aux déguisements, plus précisément, tu l'auras compris.
J'ai décidé unilatéralement que la chose était de genre femelle, car je n'ai pas envie qu'un prince, si charmant soit-il, lorgne ma fille pendant son sommeil de ses gros yeux globuleux, après avoir reçu des bisous qui doivent m'être exclusivement destinés, non mais !
Et puis j'aime bien le conte La princesse enchantée, qui échange un peu les rôles habituels. Le batracien y est une princesse, et le nigaud rouleur de pelles est un homme.
En plus ça se voit car elle a un rouge à lèvres de la même couleur que son vernis à ongles.

Passons à la pratique ...
J'ai commencé par faire un dessin de mon coffre. J'ai pensé à un coffre à trésor, un coffre à bijoux géant, un galet, une couronne, un oiseau, une vache, un fauteuil (meuble 2 en 1). En faisant une crapelle, j'ai décidé de rester dans le thème. Comme j'ai trouvé que ma grenouille asymétrique était bien rigolote, j'ai décidé de garder cette idée. En plus, j'ai tout de suite pensé à la faire loucher, et que les pupilles pourraient servir de poignées.

J'ai ensuite glané quelques tutos sur le web. Tellement que je ne pourrais pas les citer. La plupart sont très bien faits, mais j'ai dû jongler car je voulais un meuble entièrement creux et que je n'avais donc pas la place pour intégrer des renforts latéraux, ce qui semble pourtant être est une base, semble-t-il. Pour les arrondis, j'ai choisi la méthode consistant à trancher chaque alvéoles. C'est long mais mieux, j'ai l'impression, et j'ai doublé l'épaisseur partout pour remédier au manque de traverses de renfort.
J'ai donc trouvé suffisamment de choses pour commencer à m'amuser. J'ai piqué deux grands cartons à fauteuil roulant au boulot Je pensais avoir eu de la chance qu'il y en aie plein à ce moment-là car de temps à autres ça devient une denrée rare et on n'a pas le droit d'y toucher. Depuis j'en ai parlé au collègue qui est chargé de tout amener à la déchetterie. Résultat : il passe chez moi mardi prochain pour me livrer à domicile 10 cartons géants.
Ensuite j'ai investi dans la colle à bois. Beaucoup de colle à bois !

Car j IMGP7119 e te le dis tout de suite : cet engouement pour le meuble en carton est une manipulation de la part du lobby de la colle à bois. Qu'est-ce que ça picolle, le carton ! Il m'aura fallu bien plus d'un kilo de colle pour faire mon meuble ! Et aussi, je ne suis pas du tout d'acord avec les personnes qui disent que ce genre de meuble est écolo car la colle et ce genre de choses, il y a mieux pour l'environement, et niveau recyclage, et bien on ne recycle que le carton (que certains achètent, d'ailleurs). Niveau sousous, il faut s'équiper en carton, colle, kraft, pistolet à colle et ses cartouches, cutters et ses lames, blanc de Meudon, pinceaux, papier de verre, peinture, vitrificateur ...

Mais bon, je suis d'acord, c'est une expérience marante.

IMGP7113 J'ai un peu de place dans une pièce à bazar, donc j'ai pu travailler à ce projet un peu les soirs, après avoir mis Gabuzette au lit. C'était nécessaire, car la miss commençait à ne vouloir dormir QUE si j'allais moi aussi au lit, pour dormir, bien qu'elle accepte une étape lecture. Elle allait donc me faire un bisou et me border pendant que je lisais, puis il lui arrivait de revenir pour vérifier où j'en étais : "allez, Maman, il faut dormir maintenant !" Une habitude à ne pas laisser s'installer, je te le dis ! Bref, en faisant un soir un côté de grenouille, le lendemain l'autre, etc, je passais juste le temps nécessaire loin de mon lit. Pendant ce temps Gabuzette s'endormait tant bien que mal, et ensuite je pouvais retrouver ma couette et mon livre (Aaaah, mon livre !).

Revenons à nos cartons.
Je suis d'autant plus contente d'avoir choisi de faire une crapelle car je n'ai pas trop culpabilisé de faire des erreurs. Je pouvais me permettre de lui faire des rugosités dermatologies. Les défauts sont les bienvenus ici. Je ne suis qu'une sale tricheuse sur ce coup là.

Là où j'ai craint un max, c'était quand j'ai omis de prendre des repères fiables pour découper le couvercle du coffre. Biscornu pour biscornu, d'un autre côté ... Ensuite, je me suis faite avoir comme une bleue (que je suis, 'faut dire !) car je n'ai pas appliqué la même pression lors du séchage du haut et du corps du coffre, sur les côtés, au niveau de l'ouverture. Du coup, on voit une grooooosse différence de largeur. Biscornue, j'te dis !

Je ne sais pas combien de temps les charnières tiendront, ainsi que les poignées. C'est du carton, tout de même. Et il sera manipulé par Gabuzette, hein ! Il ne lui a fallu que 4 minutes et demi pour tenter l'ascenssion de ce coffre. Il a résisté à l'assault, quoi qu'en devenant un poil désaxé.

Niveau sécurité, j'ai pensé ajouter un petit renfort pour que le haut du coffre ne tombe pas en arrière. Par contre, c'est ballot mais je n'ai rien trouvé pour l'empécher de faire guillotine : le frein que j'ai acheté exprès ne peut pas être fixé faute de tension non réglable. (Taurais pas une idée, mon fan ?)

La mise en peinture a été faire avec l'aide de Gabuzette. Pour le vert. La première couche. Elle était très fière, bien sûr. Et moi aussi ! Elle a fait des progrès formidables de concentration et d'application.
Pour le reste de la peinture, j'ai retrouvé mes vieux tubes d'acrylique datant du temps de mon Bac "arts plastiques". OK on peut dire que ça tient bien dans le temps, Lefranc et Bourgeois. Ouaih, c'est bon, oh !

En conclusion :
Ma fille est ravie. Quant à moi, je trouve qu'il y a une vague ressemblance avec Michael Jackson "après", qui me fait un peu froid dans le dos. Le problème se situe au niveau du nez. J'effectuerai une rhinoplastie si Gabuzette a peur. Mais vu l'échange de mamours, ça ne semble pas le cas.